Lucas à écrit un joli billet sur les extrémistes du Libre. Il dit quelques choses intéressantes (c'est rare ;-)). Mais je ne suis pas d'accord avec tout. Bon, je vais perdre ma pause de midi à écrire cela, mais c'est quand même important (ou du moins, cela m'intéresse...). Je précise tout d'abord que je vais parler de plein de choses que je ne maitrise pas complétement, donc si je dis des bêtises, c'est normal.

Tout d'abord, l'affaire Bloukblouk. J'aurais tendance à penser comme Daniel Glazman : être extrémiste à ce point-là, ce n'est pas une bonne chose. A mon humble (modeste, si Bastien préfère) avis, ce que tout le monde devrait respecter, c'est la liberté de chacun. Si je décide de faire du logiciel propriétaire, c'est mon droit. Point final. Dans un monde parfait, dans lequel les oiseaux chanteraient autour de ma tête pendant que je serais couché sur un matelas confortable en train de boire des jus de fruits toute la journée durant, il me semblerait préférable qu'aucun logiciel propriétaire n'existe et que chacun partage tout. En fait, dans ce monde parfait, la question n'aurait même pas lieu d'exister et les logiciels libres seraient une évidence pour chacun. Dans le monde actuel et réel, les gens doivent gagner leur vie et ils n'ont pas forcément la possibilité ou le choix de faire du logiciel libre même s'ils le veulent. Il n'y a pas de honte à demander de l'argent pour quelque chose qui a demandé du temps. Je connais des gens qui travaillent sur des logiciels propriétaires, qui sont heureux de le faire et qui ont des clients satisfaits. D'un point de vue personnel, si je crée un nouveau logiciel, j'essaierai de faire en sorte qu'il soit libre car je pense que ce sera mieux pour beaucoup de personnes, dont moi. C'est ma conviction personnelle. Les gens qui ne partagent pas cette conviction ont le droit de ne pas la partager. Ne pas tolérer des convictions différentes, c'est retourner des siècles en arrière.

Abordons maintenant la question de la liberté de la GPL. Lucas pense que la GPL est la meilleure licence pour le libre. Je suis à la fois d'accord et pas d'accord. Comme Daniel Glazman l'affirme, la GPL n'est pas libre : on ne peut pas faire ce qu'on veut avec le code car il y a des restrictions très importantes. Si on veut vraiment la liberté, il faut aller jusqu'au bout et l'offrir à tout le monde, même aux personnes qui font du logiciel propriétaire. A mes yeux, les licences BSD (sans la clause de publicité) et MIT sont vraiment libres. Je ne connais pas parfaitement la LGPL ni la MPL, donc peut-être qu'elles sont réellement libres et peut-être qu'elles ne le sont pas. Ceci étant dit, la GPL est une bonne licence pour deux raisons :

  • elle est presque libre, conservant en grande partie l'esprit qui me semble être celui du logiciel libre ;
  • elle est connue et a droit à beaucoup de publicité, donc elle permet de promouvoir facilement le logiciel libre auprès d'un grand nombre de personnes ;

Il ne faut pas oublier qu'effectivement, la GPL possède un côté virus. C'est ce côté virus qui est problématique car il enlève des libertés. Pour moi, c'est une licence politique ayant pour but de promouvoir le libre. Elle est adaptée au monde dans lequel nous vivons, mais honnêtement, elle n'est pas adaptée au monde utopique auquel j'aspire. Je ne connais pas les arguments de la FSF expliquant pourquoi la GPL est la meilleure licence pour le libre, et la seule réponse que j'ai trouvé est celle-ci qui montre clairement, du moins pour moi, que cette licence n'est pas totalement libre. Lucas, si tu as plus d'informations à ce sujet, je suis preneur.

Concernant le DRM, je pense encore une fois qu'il faut distinguer le monde réel et le monde parfait. Dans mon monde parfait, ce serait horrible. C'est tout. Dans le monde réel, si les entreprises veulent du DRM, c'est leur droit. Je pense que c'est une profonde erreur, mais elles en ont le droit. Ce qui n'est pas légal, cependant, c'est d'empêcher un utilisateur d'exercer son droit à la copie privée et d'entretenir une confusion dans l'esprit de l'utilisateur en lui faisant croire qu'il a des droits alors que ce n'est pas le cas (c'est notamment le cas avec les pseudo-CD qui en fait ne respectent plus la norme CD, si je ne m'abuse). Un autre problème est, comme le signale Lucas, que les techniques utilisées pour le DRM empêche l'utilisation du produit dans certaines conditions alors que cela ne devrait pas être le cas.

Enfin, parlons des brevets. Ces fameux brevets. Bon, je ne vous parle plus de mon monde idéal où ils n'existeraient pas. Les brevets existent pour protéger l'innovation dans le monde réel. Je pense que le réel problème ne réside pas dans le fait que les brevets logiciels soient valides ou non, mais dans le fait que des brevets sont accordés pour des inventions triviales ou qui ne sont même pas commercialisées, et ce, dans tous les domaines qui existent. La durée d'un brevet est aussi problématique quand cela touche les logiciels : vingt ans représentent une éternité dans le monde des logiciels. Je n'ai donc rien contre les brevets, mais le système qu'ils créent est malheureusement trop souvent utilisé pour bloquer l'innovation. Je pense qu'il serait intéressant d'avoir des échos de l'utilisation des brevets dans d'autres domaines que le logiciel, parce que peut-être personne n'est vraiment satisfait du système actuel.