Je vois déjà certaines personnes se plaindre que je vais parler d'Internet, de routeurs, d'IP, etc. Non, il ne s'agit pas de ce genre de réseaux-là que je souhaite aborder dans ce billet (même si leur importance est loin d'être négligeable dans notre quotidien). J'aimerais parler des réseaux humains. Merci de ne pas me jeter des tomates.

Les réseaux sont souvent perçus comme un moyen de se faire connaître par beaucoup de personnes et de pouvoir en tirer profit par la suite. L'exemple typique est le fameux « piston » pour une embauche. Présentés de cette façon, les réseaux semblent être quelque chose dont on devrait se débarasser (et je suis effectivement contre ces pistons). Néanmoins, la chose est souvent beaucoup plus complexe qu'il n'y parait.

Je vais vous raconter une histoire. En fait, il s'agit d'un petit bout de ma vie. Ne partez pas, il y a un lien avec ce que je racontais. Ce midi, en revenant de mon repas extrêmement fin (des spaghettis...), une personne distribuait un tract pour un débat qui aura lieu demain à eve. En temps normal, on prend le papier, on le regarde distraitement et souvent on l'oublie (à moins que ce ne soit un débat sur un sujet qui vous touche tout particulièrement). Mais voilà que je connaissais cette personne car j'ai suivi un cours en sa compagnie cette année. Je me suis donc arrêté pour parler un peu, prendre des nouvelles et discuter du débat. Du coup, je m'y suis fortement intéressé et il y a des chances que j'aille assister à ce débat.

Et voilà que Vincent est parti dans son délire, pensez-vous. Mais non. Le simple fait de connaître la personne change totalement la perception que j'ai de l'évènement. Rien de bien nouveau dans cette affirmation, je vous l'accorde. Le point à souligner, c'est que ce changement de perception est totalement involotaire et honnête : je ne me suis pas forcé à m'intéresser à l'évènement parce que je connaissais la personne, mais c'est venu naturellement. Soudain le réseau n'est pas là pour que quelqu'un en tire directement profit de manière volontaire, mais il ne fait qu'exister et enrichir tous ses membres, sans pour autant le faire au détriment d'autres personnes.

L'exemple de l'embauche pour un emploi est aussi intéressant et pas aussi simple qu'on ne le croit : s'il y a deux postulants avec les mêmes compétences, mais qu'un des postulants est connu par les membres de l'équipe et en est apprécié (ou détesté), alors il sera choisi (ou non choisi) et c'est normal car l'aspect relationnel est essentiel dans une équipe. Le réseau peut être décisif, dans un sens comme dans l'autre, mais dans ce cas, il ne s'agit pas de piston.

On a parfois tendance à être totalement contre les réseaux, mais en pratique on ne peut pas y échapper : la vie en société crée et créera toujours des réseaux. Tordre les règles du jeu pour se créer des réseaux peut servir (peut-être en politique ?), mais cela ne fonctionnera pas toujours car les gens n'aiment pas forcément se rendre compte de ce comportement « consommateur » des réseaux chez les autres. Le fait est que cette attitude assez répandue a parfois rendu l'emploi du terme « réseau » péjoratif, alors qu'à la base, ce n'est pas un outil.

Quelle est la morale de tout cela ? On peut se battre contre les réseaux, mais ils seront toujours là, donc autant les accepter, vivre normalement, être naturel et ouvert envers les autres. Sans qu'on s'en rende compte, cela crée les réseaux les plus solides, ceux qui sont basés sur l'estime et la confiance. « Aide-toi, le Ciel t'aidera » pourrait être complêté par « Aide les autres, les autres t'aideront ».